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Pétales de pomme de pin, tissu, mousse, 2014. |
Ragondin #1 (détail) Pétales de pomme de pin, tissu, mousse, 2014. |
Ragondin #2 Ecailles de pomme de pin brodées, tissu, forme en mousse, 2015. Vue de l'exposition collective Lisières, invisibles fragments de paysage |
Ragondin #2 Vue de l'exposition ZAAD Cour Mably, Bordeaux, 2018.
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Ragondin #2 Pétales de pomme de pin, tissu, mousse, 2015. Vue de l'exposition "C'est quoi dégueulasse" |
Ragondin #1 & Ragondin #2 Vue de l'exposition collective "Sans titre 1" |
Vue de l'exposition "Lundi ou la vie sauvage" Pétales de pomme de pin, tissu, mousse, 2014. |
Ragondin #1 Forme brodée de pétales de pomme de pin, échelle 1. Vue de l'exposition vlam n°3, 2014. |
La trouée Polaire brodée de pétales de pomme de pin vernis, 400 cm x 120 cm, 2012. Vue de l'exposition IL FAUT VIVRE, 2013. |
La trouée Polaire brodée de pétales de pomme de pin vernis 400 cm x 120 cm, 2012. Vue de l'exposition Sous la tente, 2012, Bordeaux. |
La trouée II Polaire brodée de pétales de pomme de pin vernis, 2012. Vue de l'exposition Sous la tente, 2012, Bordeaux. |
techniques mixtes 27 x 22 cm, 2010. |
Ragondin #1 #2
J’utilise des formes en mousse que je recouvre d’une housse en tissu ajustée, comme une peau, sur laquelle je couds des écailles de pomme de pin parasol préalablement percées à l’aide d’une mini perceuse. Lors de mes pérégrinations, je glane les pommes de pin sur le littoral et dans les parcs où ces pins ont été plantés en abondance. En brodant, j’assemble, je leur confectionne une carapace végétale. J’ai choisi de travailler avec des formes d’animaux produites pour les taxidermistes afin d’obtenir un objet évocateur du fantasme d’un monde vivant en même temps hybride et standardisé. La différence notable entre les deux est leur queue. Plus grande que celle de l’animal, celle de Ragondin #1 est molle et flexible tandis que celle de Ragondin #2 est raide et en angle droit.
Lucie Bayens 2019
« Pensée fillette » techniques mixtes, 27 x 22 cm, 2010.
Exposition collective « 3M/3P/3F » une proposition de l’artiste Christophe Massé, Boustrophédon, la machine à musique, Bordeaux, 2017.
« Jeunes filles au piano » tableau d’Auguste Renoir de 1892, période nacrée, que l’on a pu découvrir au musée d’Orsay ou à travers son image reproduite sur des boîtes de biscuits métalliques qui servaient, en seconde vie, de boîte de sucre. Ici, il s’agit d’une reproduction imprimée sur satin, l’encadrement doré est d’origine. Ce petit cadre, format 3F_ des figures_ a dû orner les murs d’un appartement populaire avant que je ne le trouve. Sous les doigts de la jeune fille blonde, que l’on imagine douce et apprivoisée, ce piano cherche à imiter la voix humaine. Il apaisera le patriarche, puis le futur époux, le soir ou le dimanche venu. Je l’ai partiellement recouvert de pétales de pomme de pin parasol vernis. L’œil recompose l’image d’Epinal. Il y a dualité entre les matières, ce n’est pas une superposition mais une recherche de symbiose. Que se cache-t-il du versant sombre de l’âme humaine derrière cette scène angélique ? Qui, en même temps, est une scène d’apprentissage. Ce végétal, cette part de nature est-elle en train de recouvrir ou de découvrir l’image ? Lève-t-elle le voile ou se propage-t-elle, en cachant ce que le sujet pourrait mieux refouler ? Le recouvrement invite-t-il la découverte ? La carapace qui morcelle l’image comme une victoire.
Une pensée pour Louise Bourgeois.
Lucie Bayens 2017
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La queue du Ragondin pend. Rêver d’ailleurs en regardant passer les ailes de l’A380 sous le Pont de Pierre.
Le ragondin est désordre. Le ragondin est un nuisible. Il est chassé, à la campagne, sur les rives de la Dordogne, à l’aide de pièges, comme des nasses, à ceci près que le piège se referme sur le cou. L’intervention de l’homme est nécessaire. Parfois le ragondin est nerveux, agressif ; Il est plus facile pour l’homme de l’achever. D’autres ont l’habitude de la proximité humaine. Ceux-là ne s’inquiètent pas de cette comédie, ils sont passifs.
Sa chair est consommée en civet ou en pâté, il se nomme alors « lièvre des marais ». Comme le cochon, il porte un autre nom sous forme de viande. Le ragondin est herbivore, il détruit les berges. Il vient d’Amérique du Sud. Il est à Bordeaux depuis le XIXème siècle. Quand l’animal devient-il endémique ? Depuis plusieurs générations, le ragondin du Sud-Ouest s’est spécialisé, il s’est adapté à son milieu. Près de deux cent ans de mutations se sont opérées, si infimes soient-elles. Dans le Bayou, en Louisiane, on chasse le ragondin pour nourrir les alligators d’élevage.
Lucie Bayens 2014
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La trouée.
Une fresque néo rupestre composée de signes féconds et de drôles de bêtes. La vie est une faille entre deux moments : la naissance et la mort.
Matière, territoire et rencontre résiduelle.
Les pétales de pommes de pin autrement dit les pdpdp, gardent la trace de la graine qui est devenue, condition sine qua non de l’existence même de la pomme de pin, le fruit de l’amour du pin parasol et de la terre, peut-être… Ou la pdpdp garde la trace de ceux qui aurait pu être un pignon. Je les ramasse dans les parcs de la CUB, au bord du bassin d’Arcachon ou encore sur les terrasses du quartier Mériadeck de Bordeaux puis je les nettoie, vinaigre blanc, sèche, ponce, troue, vernis des deux côtés, et enfin les couds. La pièce, bien qu’elle devienne classiquement un objet, née de l’errance et de l’acte de glaner qui me permettent souvent de partager un moment d’humanité avec des curieux, SDF ou pas. Ici, la couverture est une polaire, une réduction que dis-je ? Une compression résiduelle des litrons d’eaux minérales nonchalamment descendus par nos soins et teintée "couleur caca de Mr Beuys".
Assise au coin des feux de l’amour, bien calée sur la peau du mouton, la couverture sur les genoux, je tente de passer l’hiver. La forme : J’ai tout d’abord, lâché prise en laissant la forme se composer d’elle même, en prenant simplement le parti pris de les coudre comme du sequin. Elle a choisi de nous envoyer des poissons spermadosoïdaires. Ensuite, c’est mon tour, je compose l’ensemble des motifs que les premières formes m’inspirent ainsi, la pièce se construit en deux temps : le temps accidentel puis le temps structurel. Je dessine et écrits en jouant des corolles que forment la matière.
Lucie Bayens 2012